Un bluzz est la contraction de buzz et bluff : un truc qui colle pas bien.
Soit, le militant d’Extinction Rebellion qui a collé une main en direct à Jeremy Seydoux sur un direct de Leman Bleu durant les résultats finaux de l’élection du bout du lac a fait le buzz mondial. Et maintenant ?
Certes, Vincent Zeder n’a pas collé une main comme l’a fait Will Smith durant les Oscars, mais selon la nouvelle maniclette de la « Génération collée » qui consiste à prendre en otage le quidam pour inculquer de force un message en s’attirant l’exposition médiatique. La méthode coup de poing de la paume de la main, à renfort de substances pétrochimiques plutôt que d’argumentation. Quelle colle veut-on nous faire sniffer là ?
Car trois jours après son exploit, le mirlitant a été invité au même Leman Bleu pour expliquer son geste : « sortir du clivage gauche-droite pour aller vers des assemblées citoyennes » a dit l’activiste en ouverture. La séquence presque mielleuse et entendue se termine sur une poignée de mains apaisée entre l’agresseur et l’agressé, deux composants sans colle cette fois.
Amusément, l’interview de Vincent Zeder dure presque deux fois plus longtemps que l’interview accordé à un candidat officiel du deuxième tour, déjà écarté du débat sur cette même chaîne. Financée en partie par la redevance, j'appelle à rappeler. Deux poids deux mesures ? Pourquoi humble postulant déclaré est-il plus malmené à l’antenne qu’un perturbateur spontané ? Que craignent nos médias ?
Extinction Rebellion, XR pour les intimes, a été créé en Angleterre en 2018 et est rapidement arrivé en Suisse pour bloquer ponts et chaussées. Désobéissance civile au prétexte de l’urgence, endoctrinement des jeunes à la faveur de leur malléabilité, XR pousse au crime au motif de l’état de nécessité, sans pourtant ensuite défendre ses adeptes pris dans les entrailles juridiques. Une dynamique limite sectaire. De la chair à procès.
Chance pour Vincent, Leman Bleu n’a pas posé plainte et a soigné son audimat en l’invitant pour s’expliquer. Dans un système du « cause toujours » et de la course aux annonceurs, quelle sincérité doit-on lire dans la démarche ? Que veut Extinction Rébellion et quelle complicité s'accordent les médias ?
Etabli en Suisse depuis 2019 au moins, l’organisation rebelle se veut sans hiérarchie et fait de membres autonomes. Pétri de volontaires bénévoles, elle n’en gère pas moins ses finances au niveau national. Outre les menues bien généreuses donations, l’association « XR Switzerland a reçu un don de CHF 20'000 d’une fondation qui ne veut pas être nommée publiquement ». Pour acheter de la colle ?
Poser la colle, c’est déjà s’engluer… Faire le buzz, soit, mais n’est-ce pas là que du bluff ? Depuis 2019, à part bouchonner les citoyens et encombrer les tribunaux, qu’a fait XR en notre pays où le peuple, sur le papier tout au moins, est le souverain ?
Qu’en Angleterre, pays des monarques qui carburent à la sueur du contribuable et qui changent toutes les quelques longues décennies, l’activisme désobéissant fasse sens, la démarche peut se comprendre. En Suisse par contre, les outils de protestation sont nombreux ; pourquoi s’en tenir aux méthodes barbares ?
Ce n’est pas notre Saint Berset national, bien docile quand il est invité au couronnement d’un nouveau roi qui remettra le peuple au milieu du village. Ni en Angleterre, ni en Suisse non plus, tout socialiste qu’il se clame. C’est de la base que viendra le salut, c’est des citoyens que s'équilibrera le pouvoir. « Agir », martèle XR, « Urgence », raisonnent ses militants.
Depuis 2019, j’observe le mouvement rebelle, j’ai conversé avec ses membres, j’ai challengé ses figures paternelles. Le plaidoyer pour les assemblées citoyennes, je l’ai tenu haut et fort. Force est de constater que les militants n’en n’ont cure : depuis 2019, aucune mobilisation politique, aucune pétition, aucune initiative populaire, en bref, aucune réalisation constructive. Que du bluff, visant à générer le conflit, la division, le désordre, l’endoctrinement. Dans un pays où tout est possible, XR s’en tient à l’insignifiant, au buzz, au bluff.
Signalons pourtant Mickaël Metry, ex-XR, qui s’est courageusement présenté en 2022 au Conseil d’Etat vaudois sous la bannière « Agissons pour la Vie », avec un résultat très encourageant.
Mickaël n’aura pas fait le buzz mondial auquel Vincent peut désormais prétendre. Il n’aura pas consacré un petit seul dimanche héroïque à « agir ». Il n’aura pas pu répéter docilement qu’un message qu’on lui aura inculqué. Mickaël a dû construire, imaginer, apprendre, se confronter ; il a montré que c’est possible, pour un résultat bien plus honorable qu’un Vincent à la main hasardeuse. Respect l'engagement.
S’il y a urgence, si nous devons agir, ne serait-il pas temps d’unir nos forces plutôt que de répandre la division ? Division entre partis, entre générations, entre croyances ? Ni Mickaël, ni moi, n’avons fait autant de buzz qu'un Vincent. Pourtant, nous n’avons pas fait du bluff non plus. Construire, à la main, ensemble, vers le monde que nous voulons vraiment, c’est plus que d’avoir le geste éphémère de se coller la main à l’actu. Nous sommes les faiseurs du monde.
Evolution Suisse a collé haut et solide sur son affiche les assemblées citoyennes. Sans buzz, sans bluff. Entre agir et s’agiter, il n’y a que peu ; entre buzz et bluff, encore moins. Le peuple est souverain. Sans colle ni doctrine.
Comments