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Que Vaud Genève ?

Olivier Pahud

Trop occupés à nous détester l’un l’autre, nous ne voyons plus le joyau qui a fait notre nid familial commun.


Si l’arc lémanique est croissant, il est temps qu’il parte en flèche. Parfaitement bicantonal, j’ai renoncé à renoncer à l’une de mes nationalités : pour un genevois, Vaud, c’est l’étranger ! Je fais partie de cette minorité galopante qui, tantôt pendulaire, tantôt immobilisée dans les bouchons, sculpte de son labeur un Romand d’amour.


Car si j’ai passé plusieurs décennies sur l’un et l’autre continent national du « Far West » helvétique, mes plus belles années restent celles passées dans ce pays bossu d’Appenzell, coincé très à l’Est derrière le mur des röstis, de loin pas encore tombé. Oui, les Romands résistent à l’envahisseur au langage rocailleux tandis que les « vrais » Suisses adoptent leurs petits frères en prenant soin qu’ils ne touchent pas aux jouets des grands. Quand chacun a sa chambre, la fratrie est sauve.


Traverser la barrière des Toblerones est autrement plus audacieux. Il ne fait pas bon de rouler avec des plaques du canton voisin quand on longe le Léman ; si un lac les relie, un océan les sépare. Né à Genève, apprenti à Lausanne, j’ai baigné aussi bien dans la « Petite flaque » que dans le Léman. Aujourd’hui, j’en tire un constat, il y a le même feu au lac, de Genf au Chablais. Si nos acrimonies ancestrales sont légitimes, il serait temps qu’elles n’aient plus lieu d’être.


Genève s’est dissoute dans le multinationalisme, Vaud dans l’anglicisme, jusqu’à devoir adopter l’appellation « Lake of Geneva » sur ses cartes de visite de l’Office du tourisme. Nos identités vendues au plus offrant, chacun jaloux du trésor accumulé par son voisin, la redistribution de nos richesses culturelles et patrimoniales peut commencer !


Car oui, trop occupés à nous détester l’un l’autre, nous ne voyons plus le joyau qui a fait notre nid familial commun. Trop aveuglés par nos différences d’accents et de conduite, nous ne nous entendons plus sur le même mal qui nous ronge. Trop assourdis par nos différences, nous ne voyons plus le feu qui nous consume inexorablement. Humble sapeur-pompier que je suis, je me rends aujourd’hui disponible dans la chaîne des sots engagés et volontaires face au brasier qui nous inonde, jour après jour.


« Evolution Suisse » a ainsi rejoint l’« Alliance des Libertés » dans la reprise du pouvoir citoyen qui nous appartient, à nous, le simple peuple. Laissé trop longtemps à la « grande famille » qui ne nous a que trop dénigrés, exploités, trompés, voici le temps opportun d’un assaut légitime, nécessaire, engagé. Il ne réussira pas sans que le moi, l’autre, l’individu ne devienne le « nous » que nous sommes vraiment, la vraie fraternité de l’humanité. La Romandie a tout pour ouvrir cette marche triomphante vers notre paradis volé.

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